Crucifixion

Une page de Vikidia, l’encyclopédie junior
Aller à la navigation Aller à la recherche
Tableau représentant des esclaves romains crucifiés.

Le crucifiement est un supplice, une torture menant généralement à la mort par asphyxie, où le condamné à les bras étendus et fixés à un ou des poteaux. Cette condamnation terrible est utilisée par différentes civilisations et époques, en particulier durant l'Antiquité.
La crucifixion - quasiment synonyme - peut désigner plus particulièrement la fixation d'un condamné sur du bois en forme de croix, de T, ou un arbre. Mais surtout la Crucifixion (avec une majuscule) est le mot désignant le crucifiement de Jésus de Nazareth, considéré comme Fils de Dieu, Christ ou Messie par le Christianisme.

Le supplice de la croix, « bois de malheur » pour les Romains, est particulièrement horrible et avilissant, ce n'est pas une mise à mort « propre » : le condamné, dénudé, se laisse aller, étouffe et agonise de plusieurs minutes à plusieurs heures, selon la façon d'être attaché. Les mains sont plutôt liées au poteau horizontal (en tout cas, elles ne peuvent être juste clouées comme le mentionne les Évangiles : le poids du corps et les mouvements les déchireraient), les pieds attachés ou cloués au bas du poteau vertical. Le supplicié ne peut qu'inspirer mais pas expirer, sauf à forcer constamment sur ses membres attachés ; il a subi généralement le fouet auparavant, les clous dans ses pieds et la soif s'ajoutent à son tourment.

Crucifiement de Sainte Julie (wp), par Jérôme Bosch.

Ce mode d’exécution cruel semble être apparu au Proche-Orient antique, chez les Perses (qui l'ont transmis aux Grecs), Phéniciens, Juifs (« suspendu au bois », dit la Torah), Carthaginois qui l'ont transmis aux Romains. Le but est moins de mettre à mort un coupable que de faire un exemple, un spectacle de terreur pour inspirer la peur de subir la même chose. C'est pourquoi les Romains inscrivent le motif de la condamnation sur une pancarte que tout le monde lira, un titulus (wp) ; le fameux INRI de Jésus dans la tradition chrétienne.
C'est également un châtiment de masse, du moins pour les Romains : ils crucifient des milliers de juifs lors des révoltes juives, note Flavius Josèphe ; 6 000 esclaves lors de la révolte de Spartacus ; même Jésus est crucifié avec « deux larrons » anonymes.
Pour Rome, la mors turpissima crucis (« la mort la plus horrible, par la croix ») est réservée aux non-citoyens, aux esclaves, aux pirates et brigands, aux rebelles politiques, en un mot aux « moins-que-rien ». Il n'est pas étonnant que les premiers chrétiens, d'origine juive ou Hellénistes (Grecs et Romains) ont répugné à représenter leur Messie sur une croix infamante. Même l'art chrétien, en particulier orthodoxe, représentera un « Christ en gloire », majestueux et insensible sur sa Croix. Ce n'est qu'à partir du XIIIème siècle qu'est représenté en Occident un Jésus-Christ souffrant.

Pour les Chrétiens, Jésus-Christ a subi une telle souffrance pour racheter les péchés des Hommes et leur donner le Salut ; pour les Juifs, le vrai Messie attendu ne peut finir d'une telle façon ; pour le gnosticisme (wp) ou le docétisme (wp) chrétiens, repris par l'islam et dans le Coran, Jésus de Nazareth/le Christ/Issa n'est pas mort sur une croix, mais remplacé par un autre ou « en apparence ».


Pour les historiens, le fait que la Crucifixion (et non une lapidation, supplice juif, par exemple) soit racontée et même glorifiée par les écrits chrétiens prouvent que cela s'est vraiment passé ainsi. Un tel « scandale et une folie » selon Saint Paul n'aurait pu être inventé, c'était très problématique de convaincre et convertir des Juifs ou des Romains que le Messie, le Fils de Dieu apportant le Salut ait fini si misérablement sa vie sur une croix. Cet aspect gênant pour les Chrétiens, mais qu'on ne peut cacher, paraît une preuve : c'est un embarras ecclésiastique (wp).

Dans l'Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Plusieurs historiens de l'Antiquité mentionnent des crucifiements ou la croix, mais ils n'ont guère envie de décrire en détail une telle horreur. C'était d'ailleurs un mode d’exécution connu de tous, comme le poteau d'exécution des fusillés au XXème siècle.
Jésus de Nazareth serait le seul nom de crucifié connu de l'Antiquité si l'archéologie n'avait découvert en 1968 la tombe d'un certain Jehohanan dont l'os du talon reste percé d'un clou.
Les Romains utilisaient deux poutres de bois, un poteau vertical, le stipes, et une barre horizontale où étaient fixés les bras, le patibulum, qui était semble-t-il porté par le condamné, comme écrit dans les Évangiles. Au moment de l'exécution, le patibulum et la victime étaient fixés, couchés, au poteau, puis le tout était relevé et fiché dans la terre. Contrairement aux représentations chrétiennes, les croix étaient certainement basses, près du sol.

Le crucifiement, comme une des plus terribles punitions, a été pratiqué en Asie au XIXème siècle, et, mentionné dans la jurisprudence islamique, encore utilisé rarement par l'Arabie Saoudite pour des condamnés à mort, mais après leur décès.

La Crucifixion de Jésus[modifier | modifier le wikicode]

Jésus cloué sur sa croix, d'après Gustave Doré.

La Crucifixion de Jésus est un des événements principaux du récit chrétien, le sommet de la Passion : rappelons-nous que la croix, instrument de supplice, est le principal symbole du Christianisme. Pour les Chrétiens, ses souffrances et sa mort permettent le salut des Croyants, ainsi que sa Résurrection. Les quatre Évangiles canoniques racontent à peu près la même chose du crucifiement du Christ, avec toutefois quelques différences.

Après la condamnation de Ponce Pilate, Jésus est fouetté, puis doit porter sa croix (des historiens pensent qu'il s'agit plus raisonnablement du patibumum horizontal) jusqu'au lieu du supplice, le Golgotha, en traversant des rues de Jérusalem (le Chemin de Croix), où selon les trois Évangiles synoptiques, il doit être aidé, trop affaibli, par un inconnu, Simon de Cyrène. Puis il est dit, sans détail, qu'Il est crucifié avec deux autres condamnés, à gauche et à droite de Lui, à la « troisième heure » (du jour) soit vers 9h du matin (le clou dans chaque main et les pieds également cloués ne sont pas mentionnés dans ces quatre textes) ; une pancarte (titulus) est ajoutée, mentionnant au moins « roi des Juifs ». Après quelques rares dernières paroles de Jésus, différentes selon les textes, et de ses compagnons d'infortune, Jésus meurt à trois heures de l'après-midi. Il est ensuite descendu de la Croix et rapidement mis dans un tombeau, celle de Joseph d'Arimathie (wp), car le début du Shabbat et/ou de la Pâque arrive à la fin du jour, où on arrête toutes activités.

Un châtiment romain[modifier | modifier le wikicode]

Pour la plupart des historiens, le fait que Jésus ait été crucifié, selon donc l'usage romain, montre qu'il a été condamné pour une raison politique ; d'ailleurs sous le motif de « roi des juifs ». Un motif religieux, tel que « faux prophète », aurait pu entraîner sa lapidation, comme pour Étienne ou pour Jacques, le frère de Jésus.

Mort.jpg Portail de la mort - Tous les articles sur la mort.
Portail du christianisme —  Tous les articles concernant le christianisme.